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Walk with me

Film de guerre, Walk with me ? En partie, peut-être, mais Lisa Ohlin (née en 1960), la réalisatrice, va bien au-delà. Soldat danois engagé en Afghanistan, Thomas perd ses deux jambes dans un attentat dans le sud-ouest du pays. Soigné au Danemark, il est amputé et marchera dorénavant grâce à des prothèses. Plusieurs films relatant l’engagement des troupes danoises en Afghanistan sont sortis ces dernières années : on peut penser à War de Tobias Lindholm ; plusieurs livres, également : songeons à La Première pierre de Carsten Jensen ou à Anne-Cathrine Riebnitzsky avec Les Guerres de Lisa. À l’évidence, le sujet taraude la société danoise. Walk with me retrace le lent et douloureux retour à la vie d’un homme qui se considérait avant tout comme un soldat et qui, jusqu’à la fin du film, poursuit l’idée de retourner combattre en Afghanistan. Sa désillusion n’est pas un échec, comme va le lui montrer Sophie, danseuse classique professionnelle qui perd sa tante d’un cancer dans l’hôpital où Thomas est soigné et qui, s’éprenant de lui, lui permet d’envisager l’avenir. Lisa Ohlin signe là un film remarquable, vif et spontané.

* Lisa Ohlin, Walk with me (2016), M6 Video, 2017

Artic

Artic, de Joe Penna (cinéaste brésilien, né en 1987) : un homme se retrouve seul sur la banquise, dans l’Arctique, réfugié dans un avion qui s’est écrasé là on ne sait trop quand. Un hélicoptère surgit, mais tombe et le voici avec une survivante très mal en point dont il a la charge. Outre le froid intense et les ours, le désespoir n’est jamais loin. S’en sortiront-ils ? L’acteur danois Mads Mickelsen tient le film quasiment à lui seul. Prouesse !

 

* Joe Penna, Artic (2018), The Jockers (2019)

Au nom du père

Il n’est pas obligatoire de croire en Dieu pour apprécier cette série du réalisateur Adam Price, qui lui-même affirme ne pas avoir d’avis sur l’existence ou non de notre Père éternel. En deux saisons de dix épisodes chacune, Au nom du père balaie la société danoise contemporaine. La famille Krogh compte des pasteurs depuis fort longtemps. Le père (remarquablement joué par Lars Mikkelsen) aimerait que ses deux fils suivent sa voie. Mais la volonté de chacun est aujourd’hui plus prise en compte que naguère et Dieu, tout au moins au Danemark, semble être passé de mode. On se laisse séduire par les deux saisons de la série.

 

* Adam Price, Au nom du père, saison 1 et saison 2 (2017-2018)