Science-fiction

« Dorénavant, ils étaient ici, dans le nouveau monde, et ils avaient bâti la société idéale. » Vanja de Brilar d’Essre Deux est envoyée dans la colonie d’Amatka pour effectuer une étude de marché. Car les colonies sont chacune affectées à une production précise. Mais Vanja et Nina, qu’elle retrouve, sont surprises par les contradictions qu’elles découvrent dans le discours officiel. Personne ne sait trop « où se trouvait l’ancien monde, ni même à quoi il ressemblait, mais ça n’avait aucune importance ». D’ailleurs, « personne ne sait où nous sommes. Mais on n’a pas le droit de le dire. » La vie à Amatka est très policée. Les enfants sont séparés des parents, ceci, afin ne pas perdre de vue la dimension collective du monde nouveau. Une certaine paranoïa est entretenue, on ne sait trop d’abord pour quels desseins. « Il était de notoriété publique que le monde, hors des colonies, était dangereux. » Vanja apprécie la vie ici, surtout depuis qu’elle s’est rapprochée de Nina. En dépit des mises en garde à mots couverts d’Evgen, un bibliothécaire, elle décide de démissionner de son poste à Essre pour intégrer un emploi dans l’administration à Amatka. Mais bientôt, elle comprend que le monde d’Amatka repose sur un ensemble de faux-semblants. Née en 1977, Karin Tidbeck semble être une plume prometteuse de la science-fiction suédoise d’aujourd’hui. Quelque part entre La Kallocaïne de Karin Boye et Aniara de Harry Martinson, Amatka devrait séduire les amateurs d’une SF que l’on qualifiera de dystopie.
* Karin Tidbeck, Amatka (Amatka, 2017), trad. Luvan, La Volte, 2018