H-I-J-K

Béliers

Gummi et Kiddi, deux vieux frères barbus, sont voisins mais ne se parlent plus depuis quarante ans. Un jour, ils se retrouvent obligés de défendre leur intérêt commun. Autrement dit, leurs moutons, parce qu’un cas de tremblante a été décelé dans la vallée et que les services vétérinaires ont décrété l’abattage des troupeaux et l’interdiction d’élever des ovins pendant une période de deux ans. Les films tournés en Islande ont pour point commun, quasiment tous, de montrer aux spectateurs des paysages magnifiques. Celui-ci, Béliers, du réalisateur Grímur Hákonarson (né en 1977), ne fait pas exception à cette régle. Mais ajoutons que les visages sont également filmés comme autant d’œuvres d’art (cf., notamment, le court-métrage qui accompagne le film sur le DVD) : ôde à la fraternité, à l’homosexualité, au langage des corps... Béliers est un film qui peut surprendre, tant par son sujet (deux frères et des béliers : qui ressemble à qui ?) que par son traitement. Une réussite, avec une scène finale étonnante.

 

* Grímur Hákonarson, Béliers (Rams, 2015), ARP, 2016

Mjólk

Après Béliers, qui donnait à voir l’existence chamboulée de deux frères ennemis-alliés malgré eux, parce qu’une maladie risquait d’atteindre leurs troupeaux d’ovins, voici Mjólk, de Grímur Hákonarson. Quand une éleveuse de vaches laitières se retrouve seule après la mort, sans doute un suicide, de son mari... Elle découvre que la coopérative dont dépend sa ferme et toutes celles des environs fait sa loi dans la région et menace les exploitants, telle une mafia. Ce qu’elle se met en peine de dénoncer, de manière pacifique, s’attirant les menaces des responsables de cette coopérative. Les petits (une femme, en plus) contre les gros... Un beau film, intelligent, sur les contraintes que les banques et autres institutions font peser sur le monde agricole. Rentabilité, bénéfices et... ferme ta gueule !

 

* Grímur Hákonarson, Mjólk (2019), Blak out (2019)

The Good heart

Ce film commence bien, un peu à la façon d’un Kaurismäki (Aki). Des images sombres, dans un New York populeux. Jacques, vieil homme misanthrope, tient un bar. Cardiaque, il fait la connaissance d’un jeune SDF à l’hôpital, Lucas. Il décide de l’embaucher, jusqu’à en faire son héritier. Mais une jeune femme survient et... Jacques est franchement désagréable et Lucas, au caractère apparemment fragile, l’imite. Racisme, machisme, amitié de bar virile, le tout au second degré peut-être, mais plus le film progresse et plus le lien avec Aki Kaurismäki devient ténu. Dommage.

 

* Dagur Kari, The Good heart (2010)

Harpoon

De Júlíus Kemp (né à Reykjavík en 1967), Harpoon – ou la sortie en mer de l’horreur ! À moins, trop c’est trop, que ce ne soit un hilarant navet ? La pêche à la baleine est interdite mais pourquoi ne pas se reconvertir dans le tourisme ? Un bateau islandais sort en mer avec un groupe de touristes de toutes origines, avant de tomber en panne. Tous se croient secourus par des marins, des baleiniers véritables psychopathes zombies et nazis. Très vite, la situation dégénère. Du sang, de l’eau de mer, du sang, de l’eau de...

 

* Júlíus Kemp, Harpoon (Reykjavík whale watching massacre) (2009)

The Oath

Signé Baltasar Kormákur, The Oath (Le Serment d’Hippocrate) est un film qui prend pour cadre Reykjavík, aujourd’hui. Un père, chirurgien de renom, s’inquiète pour sa fille, qui sort avec un dealer. Un très méchant dealer. Elle dit être amoureuse de lui. Le père voudrait qu’elle rompt. Le dealer le menace, l’agresse, lui réclame de l’argent, vise les siens. La montée en puissance de ce film est rapide. Après Everest ou 2 guns, La Cité des jarres (d’après le roman éponyme de Arnaldur Indriðason) ou 101 Reykjavík, Baltasar Kormákur (né en 1966) livre avec The Oath un film certes prenant, mais sans grand suspense ni originalité. Heureusement notre chirurgien est-il cycliste et a-t-on droit ainsi à quelques jolies vues sur la ville et la campagne islandaise...

 

* Baltasar Kormákur, The Oath (2016), Universal Studios, 2017

The Deep

Film exceptionnel, à coup sûr, que celui-ci, The Deep, du réalisateur islandais Baltasar Kormákur. En 1984, au large de l’Islande, un bateau de pêche sombre. L’équipage se noie, à l’exception d’un homme qui nage pendant six heures (happant littéralement l’air du spectateur) et parvient à rejoindre la côte. Exploit qui lui vaut l’incrédulité des habitants et des scientifiques. Sa carrure et son embonpoint expliquent que cet homme à « sang de phoque » ait pu s’en sortir. Un film sans plus d’intrigue, qui laisse le spectateur abasourdi.

 

* Baltasar Kormákur, The Deep (2012)

 

White night wedding

L’Islande, île de Flatey : des paysages magnifiques et des acteurs déjantés et exceptionnels. Ça pourrait bien sûr ne pas suffire pour réaliser un film remarquable, mais avec White night wedding, Baltasar Kormákur signe là une belle œuvre, beaucoup plus intéressante que le résumé le suggère : un professeur de philosophie dans la quarantaine abandonne son épouse et son métier pour partir d’un nouveau pied. Autre boulot, second mariage. Rien ne se passe exactement comme prévu, mais l’humour rattrape tout : « Si tu es heureux pendant plus de dix minutes, c’est que tu dois être idiot ». À voir.

 

* Baltasar Kormákur, White night wedding (2008)

Trapped

 

Dix épisodes d’une cinquantaine de minutes chacun pour la première saison d’une série au rythme lent et prenant, Trapped. Même chose pour la deuxième saison. Un policier, façon « grizzly », assisté de deux collègues, une femme qui connaît tout le monde dans la ville et un homme qui ne cesse de vouloir bien faire et commet de grosses bourdes, enquêtent. Première saison : un tronc humain est retrouvé dans le fjord de cette petite commune du nord de l’Islande, où un paquebot de croisière vient d’accoster et où un important projet touristique et industriel est à l’étude. « 2147 suspects et autant de cibles potentielles ». Deuxième saison : une usine géothermique est au centre d’une polémique car si elle pollue, elle apporte aussi des emplois (regrettons que les écolos soient assimilés à des nationalistes nazis). À chaque fois, des crimes en quantité. On se laisse séduire.

 

* Baltasar Kormákur, Trapped (saison 1 et 2) (2016-2017)